Symbole de vacances et de liberté, le bronzage fait un retour remarqué chez les moins de 30 ans. Pourtant, cette génération, adepte de la skincare et des produits anti-UV, renoue avec une pratique qu’elle sait risquée. Entre quête d’esthétique, influence des réseaux sociaux et conscience écologique, la Gen Z entretient un rapport ambivalent avec le soleil.
Le bronzage, entre nostalgie et réinvention esthétique
Sur TikTok, les hashtags consacrés aux tan lines explosent. Des millions de jeunes affichent fièrement leurs marques de maillot, devenues l’accessoire beauté de l’été. Inspirée des années 70, cette tendance traduit la persistance du teint hâlé comme symbole de vitalité et de séduction.
Mais contrairement à leurs aînés, les jeunes n’aspirent plus à un bronzage uniforme. Ils préfèrent jouer sur les contrastes, imitant les effets de lumière par le maquillage ou l’autobronzant. Le corps devient un support artistique, une toile sur laquelle s’exprime une identité visuelle mouvante.
Là où le bronzage des décennies passées visait la perfection, celui de 2025 revendique l’imperfection maîtrisée : des traces assumées, signe d’un été vécu intensément, mais aussi d’un corps qu’on met en scène plutôt qu’on cache.
Une génération obsédée par le soin de la peau
Paradoxalement, jamais une génération n’a autant investi dans la protection et le soin de la peau. Pour la Gen Z, la skincare n’est pas une simple routine : c’est une démarche de bien-être, presque militante. Les jeunes affichent un intérêt croissant pour les produits à la composition transparente et les rituels venus d’Asie, notamment la K-beauty, où la protection solaire est une règle d’or.
Les réseaux regorgent de tutoriels, de tests et de revues produits. Cette génération, surinformée, jongle entre amour du bronzage et peur du vieillissement prématuré. Ce paradoxe s’exprime dans une routine quotidienne faite de contradictions :
- Application d’un SPF 50+, mais exposition prolongée pour un “effet soleil” ;
- Utilisation d’autobronzants pour imiter un teint hâlé tout en évitant les UV ;
- Soins réparateurs après-soleil pour limiter les dégâts cutanés ;
- Filtres de réseaux sociaux qui accentuent le bronzage numérique, sans UV ni plage.
Ce jeu constant entre précaution et transgression montre à quel point la beauté moderne est façonnée par les images plus que par la réalité.
Le bronzage, un marqueur social et symbolique

Au-delà du simple effet esthétique, le bronzage conserve une forte valeur symbolique. Il reste associé à la liberté, à la réussite et au bien-être. Afficher un teint doré, c’est encore revendiquer un certain mode de vie : celui de ceux qui ont le temps et les moyens de profiter du plein air.
Dans l’imaginaire collectif, la peau hâlée évoque toujours la santé, la jeunesse et la prospérité. Pour la Gen Z, ces codes persistent, mais prennent une forme nouvelle : le bronzage devient un accessoire identitaire, un moyen de s’affirmer tout en se conformant à des normes esthétiques héritées du passé.
Sur les réseaux, le bronzage se transforme en langage visuel : il raconte des vacances, des émotions, des expériences. Il incarne une version publique du corps, calibrée pour l’image, où chaque trace de soleil devient un signe de distinction.
Une conscience de plus en plus informée mais encore fragile
Si cette génération connaît les dangers des UV vieillissement cutané, taches pigmentaires, risque de mélanome, la tentation demeure forte. La promesse d’un teint lumineux l’emporte souvent sur la prudence.
Les experts rappellent pourtant quelques règles essentielles :
- Appliquer une protection solaire SPF 50+ au moins 30 minutes avant l’exposition ;
- Renouveler l’application toutes les deux heures et après chaque baignade ;
- Éviter le soleil entre 11h et 16h ;
- Privilégier les zones d’ombre et porter des vêtements couvrants.
Malgré ces recommandations, l’esthétique du bronzage persiste, alimentée par les codes visuels d’Instagram et l’illusion d’un contrôle parfait de son image.
Entre lumière et lucidité
Le rapport de la Gen Z au bronzage illustre les contradictions de notre époque : une génération consciente des risques, mais fascinée par la mise en scène du corps. Derrière le teint doré se cache le besoin de reconnaissance, d’appartenance et de liberté.
À l’heure où le soleil reste à la fois source de plaisir et de danger, le défi sera de concilier désir esthétique et préservation de la santé. Peut-être que le vrai luxe de demain ne sera plus de bronzer, mais de choisir la lumière sans s’y brûler.
